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Bientôt des avatars de professeurs
pour s'adapter à la personnalité des
élèves
Caroline Beyer
1er février 2025
1er février 2025
Des entrepreneurs misent sur les sciences cognitives pour
générer des enseignants virtuels sur mesure.
Avant de s'attaquer à l'école, ils ciblent pour l'instant la
formation professionnelle des entreprises, et leur manne
financière.
Samantha est professeur. Elle a un léger accent américain. Logique, cette jeune femme blonde est née aux Etats-Unis. Elle vit aujourd'hui à Bordeaux. Elle donne un cours sur le "prompt", ou l'art de rédiger des consignes à une intelligence artificielle de type ChatGPT. Mais Samantha peut aussi enseigner l'actuariat (la science de l'assurance). Et n'importe quelle autre discipline, d'ailleurs. A condition d'y être programmée.
Samantha est un prototype d'avatar intelligent, imaginé en juin par quatre ingénieurs des Mines. Ils ont récemment lancé la start-up Concorde AI, spécialisée dans la formation assistée par l'IA générative. L'apparence de Samantha est réaliste, sa voix un peu monocorde. Elle n'est pas le seul personnage proposé par la société. Le catalogue permet de faire son choix selon plusieurs critères : le sexe, l'origine ethnique, le style vestimentaire, mais aussi, à terme, la personnalité. C'est sur ce point que la start-up veut faire la différence, sur un marche où fleurissent les innovations dans le domaine de la formation, de l'éducation et de l'accompagnement scolaire. La société Edailabs propose ainsi, avec l'application Klea AI Teacher, d'apprendre l'anglais avec un avatar qui a les traits d'un personnage d'animation<; Eliott, lui, est un petit robot spécialisé dans l'accompagnement, du collège au lycée.
"Nos avatars auront une vie, une personnalité, une histoire, un cursus scolaire. Ils pourront même avoir de l'humour, fait valoir Jean-Marc de Féty, président de Concorde AI. Il y a très peu de limites scientifiques. Ce n'est qu'une question de temps et d'argent. Ca va aller très loin", s'emballe cet ingénieur des Mines de 59 ans, passé par le monde de la finance et celui du jeu vidéo dans les années 1980.
Samantha est un prototype d'avatar intelligent, imaginé en juin par quatre ingénieurs des Mines. Ils ont récemment lancé la start-up Concorde AI, spécialisée dans la formation assistée par l'IA générative. L'apparence de Samantha est réaliste, sa voix un peu monocorde. Elle n'est pas le seul personnage proposé par la société. Le catalogue permet de faire son choix selon plusieurs critères : le sexe, l'origine ethnique, le style vestimentaire, mais aussi, à terme, la personnalité. C'est sur ce point que la start-up veut faire la différence, sur un marche où fleurissent les innovations dans le domaine de la formation, de l'éducation et de l'accompagnement scolaire. La société Edailabs propose ainsi, avec l'application Klea AI Teacher, d'apprendre l'anglais avec un avatar qui a les traits d'un personnage d'animation<; Eliott, lui, est un petit robot spécialisé dans l'accompagnement, du collège au lycée.
"Nos avatars auront une vie, une personnalité, une histoire, un cursus scolaire. Ils pourront même avoir de l'humour, fait valoir Jean-Marc de Féty, président de Concorde AI. Il y a très peu de limites scientifiques. Ce n'est qu'une question de temps et d'argent. Ca va aller très loin", s'emballe cet ingénieur des Mines de 59 ans, passé par le monde de la finance et celui du jeu vidéo dans les années 1980.
"Narration immersive"
Pour l'heure, la start-up enchaîne les rencontres avec Axa, le Crédit Agricole, Dacia, Renault ou encore Vinci Energies, à qui elle propose des formations sur mesure. Elle vise la formation professionnelle des entreprises, et leur manne financière. Mais regarde aussi du côté de l'enseignement supérieur, des grandes écoles et de l'Education nationale. "Un jour, nos avatars seront livrés à un faible coût à des familles modestes pour leur proposer du soutien scolaire", résume Marc de Féty.
"Notre projet est d'intégrer davantage de cognitif dans ce qui apparaissait jusqu'alors comme simplement algorithmique. L'idée est de modéliser le cerveau d'un apprenant et de proposer un avatar de professeur qui se comportera de manière adaptée", explique l'entrepreneur, qui s'est rapproché d'une institution universitaire de premier plan dans le domaine.
L'IA ou la grande promesse du renouveau éducatif? Comme d'autres, Jean-Marc de Féty y croit dur comme fer. "Cela va changer la face du monde", lâche-t-il. Dans ce nouveau monde fantasmé, les professeurs pourraient bien être remplacés par des avatars boostés à l'IA. Une aubaine à l'heure où l'Education nationale française est confrontée à une profonde crise de recrutement et à une chute du niveau des élèves.
"Les enseignants générés par l'IA peuvent apporter de la diversité (...) et même une narration immersive", expliquait en mai 2024 à l'AFP Pan Hui, professeur à l'université de sciences et technologies de Hongkong (HKUST), peu après le lancement, dans son établissement, d'avatars numériques, parmi lesquels le physicien Albert Einstein et l'économiste John Nash, mais aussi des chargés de cours lambda, générés informatiquement. Le professeur hongkongais expliquait que l'IA pourrait remédier au manque de personnel. Il estimait aussi que la fiabilité des enseignants issus de l'IA pourrait dépasser à l'avenir celle de leurs collègues humains.
"Ces avatars seront des assistants, des compléments du professeur réel, prédit aussi Jean-Marc de Féty. Il faut évidemment des garde-fous. Si l'on touche à des sujets délicats, il faudra s'entourer de comités éthiques. Dès lors que vous faites de la technologie de pointe, vous jouez avec le feu", conclut-il, invitant à ne pas laisser les Gafam " s'emparer du sujet".
"Notre projet est d'intégrer davantage de cognitif dans ce qui apparaissait jusqu'alors comme simplement algorithmique. L'idée est de modéliser le cerveau d'un apprenant et de proposer un avatar de professeur qui se comportera de manière adaptée", explique l'entrepreneur, qui s'est rapproché d'une institution universitaire de premier plan dans le domaine.
L'IA ou la grande promesse du renouveau éducatif? Comme d'autres, Jean-Marc de Féty y croit dur comme fer. "Cela va changer la face du monde", lâche-t-il. Dans ce nouveau monde fantasmé, les professeurs pourraient bien être remplacés par des avatars boostés à l'IA. Une aubaine à l'heure où l'Education nationale française est confrontée à une profonde crise de recrutement et à une chute du niveau des élèves.
"Les enseignants générés par l'IA peuvent apporter de la diversité (...) et même une narration immersive", expliquait en mai 2024 à l'AFP Pan Hui, professeur à l'université de sciences et technologies de Hongkong (HKUST), peu après le lancement, dans son établissement, d'avatars numériques, parmi lesquels le physicien Albert Einstein et l'économiste John Nash, mais aussi des chargés de cours lambda, générés informatiquement. Le professeur hongkongais expliquait que l'IA pourrait remédier au manque de personnel. Il estimait aussi que la fiabilité des enseignants issus de l'IA pourrait dépasser à l'avenir celle de leurs collègues humains.
"Ces avatars seront des assistants, des compléments du professeur réel, prédit aussi Jean-Marc de Féty. Il faut évidemment des garde-fous. Si l'on touche à des sujets délicats, il faudra s'entourer de comités éthiques. Dès lors que vous faites de la technologie de pointe, vous jouez avec le feu", conclut-il, invitant à ne pas laisser les Gafam " s'emparer du sujet".